La pédagogie intéresse-t-elle encore les formateurs d’adultes ? Il semblerait qu’elle soit aujourd’hui au mieux pensée comme un inventaire de techniques, au pire considérée comme le sous-produit de l’ingénierie de formation. Oscillant entre une approche de type instrumental ou technique, au risque d’une dévalorisation, et une approche globale et institutionnelle qui la dissout, la pédagogie se trouve le plus souvent niée dans sa spécificité, en tant que théorie pratique, intelligence de l’action éducative, ou espace de réflexion intermédiaire entre l’art et la science. Cause ou conséquence de cela, la réflexion pédagogique semble s’être figée en un certain nombre de principes ou de lieux communs dont on ne questionnerait plus l’origine ni le sens. Il en va ainsi, par exemple, d’une centration sur l’activité des apprenants en situation de formation, qui cache parfois des présupposés théoriques ou idéologiques contradictoires, mais qui restent confondus à défaut d’avoir été explicités. Dans un contexte de développement de la formation comme marché et comme instrument d’une demande sociale d’efficacité, il est à craindre que cette tendance ne s’inverse pas mais au contraire s’alimente d’elle-même. Quels liens la pensée pédagogique entretient-elle avec la pensée savante en éducation et avec les pratiques et les situations de formation? Avec quels arguments peut-on affirmer qu’il est nécessaire de continuer à penser la pédagogie ?